Vague d'arrestations en Algérie à l'approche de la présidentielle

Rédigé le 31/08/2024
Naofel Brahem

L'Algérie, ce “géant” nord-africain, se prépare à une élection présidentielle le 7 septembre prochain. Mais derrière les apparences d'un processus démocratique, une ombre inquiétante plane sur le pays. Alors que la campagne électorale bat son plein depuis le 15 août, une vague d'arrestations sans précédent secoue la nation, mettant en lumière les failles d'un système politique de plus en plus répressif.



Mohcine Belabbas, figure de proue de l'opposition et ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, tire la sonnette d'alarme. Son parti, comme de nombreux autres, boycotte l'élection, dénonçant une mascarade démocratique. Le 20 août, plusieurs de ses membres ont été arrêtés, illustrant la détermination du pouvoir à museler toute voix dissidente.

Cette répression n'est pas nouvelle. Depuis l'émergence du mouvement Hirak en juin 2019, les autorités algériennes ont progressivement resserré l'étau sur les libertés civiles. Aujourd'hui, même les funérailles ne sont plus épargnées par la surveillance politique.

Des figures emblématiques de l'opposition comme Karim Tabbou et Fethi Ghares sont dans le collimateur de la justice. Tabbou se voit interdit d'expression politique sur les réseaux sociaux, tandis que Ghares fait face à de multiples chefs d'accusation, rappelant étrangement son précédent emprisonnement.

Le bilan est lourd : au moins 225 prisonniers politiques croupissent actuellement dans les geôles algériennes. Et ce chiffre pourrait être bien en deçà de la réalité, la peur poussant de nombreuses familles à garder le silence sur les arrestations de leurs proches.

La campagne électorale elle-même semble se dérouler dans un étrange silence médiatique. Les autorités veillent à étouffer tout débat, allant jusqu'à restreindre l'activité sur les réseaux sociaux. L'arrestation de Yacine Mekireche pour un simple commentaire Facebook sur le président Tebboune en est l'illustration parfaite.

Depuis 2021, le cadre juridique s'est considérablement durci. De nouvelles lois assimilent désormais les appels au changement à des actes de terrorisme, donnant carte blanche aux forces de sécurité. Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l'ONU, n'a pas manqué de critiquer ces définitions juridiques floues qui facilitent la répression.

Le système judiciaire algérien, quant à lui, semble avoir fait de la détention provisoire abusive sa nouvelle norme. Les peines prononcées dépassent souvent largement les accusations initiales, dans une volonté claire d'intimider et de dissuader toute forme de dissidence.

Même l'expression de l'identité berbère, pourtant partie intégrante de la culture algérienne, est devenue motif d'arrestation. Et ce, malgré une décision de la Cour suprême en 2022 stipulant que l'affichage du drapeau berbère n'était pas un crime.

À l'heure où l'Algérie fait face à des défis majeurs en termes de démocratie et de respect des libertés, ces événements soulignent les enjeux cruciaux de la prochaine élection présidentielle.