L'abattage d'un drone de reconnaissance armé malien Akinci par l'armée algérienne le 1er avril 2025 près de la ville frontalière de Tin Zaouatine a provoqué une nouvelle escalade des tensions entre les deux pays. Cet incident intervient dans un contexte de profonde reconfiguration géopolitique au Sahel, marquée par l'influence croissante de la Russie et l'affaiblissement du rôle traditionnel de médiateur de l'Algérie.
La détérioration des relations algéro-maliennes s'est accélérée depuis que la junte militaire malienne a officiellement mis fin à l'Accord d'Alger de 2015 en janvier 2024. Cette décision a sonné le glas des efforts diplomatiques algériens dans la région, efforts déjà compromis par les coups d'État successifs au Mali en 2020 et 2021.
Le rapprochement spectaculaire entre le Mali et la Russie illustre ce changement de paradigme. Lors d'une visite à Moscou le 3 avril 2025, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a qualifié la Russie d'"allié sincère". Son homologue russe Sergueï Lavrov a confirmé l'intensification de la coopération militaire entre les deux pays, annonçant une collaboration accrue dans la formation du personnel militaire malien.
La présence russe s'est notamment matérialisée à travers l'Africa Corps, successeur du groupe Wagner, qui soutient activement le gouvernement malien dans sa lutte contre les groupes djihadistes. Cette nouvelle alliance russo-malienne marginalise davantage l'Algérie, dont la position de médiateur régional apparaît désormais compromise.
L'Algérie, qui craint que le conflit ne déborde sur son territoire, critique ouvertement la présence de mercenaires russes près de sa frontière. Le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a notamment dénoncé la classification par le Mali de certains groupes touaregs comme organisations terroristes, une décision qui selon lui compromet toute possibilité de résolution pacifique du conflit.
Cette crise illustre la perte d'influence de l'Algérie au profit de la Russie dans une région stratégique du Sahel. La visite prochaine du président malien Assimi Goïta à Moscou en juin 2025 devrait encore renforcer ce nouveau partenariat, confirmant le déclin de l'influence algérienne et l'émergence d'un nouvel ordre géopolitique au Sahel.