Les relations entre l'Alliance des États du Sahel et l'Algérie ont connu un tournant majeur début avril 2025, lorsque les forces algériennes ont abattu un drone turc Akinci appartenant au Mali. L'incident, survenu dans la région frontalière de Tin Zaouatine, a déclenché une crise diplomatique sans précédent entre les deux pays.
Les investigations sur le terrain ont révélé que l'épave du drone a été localisée à 9,5 kilomètres au sud de la frontière algérienne, contredisant la version algérienne qui affirmait une violation de son espace aérien sur deux kilomètres. En réaction, l'Alliance tripartite - Mali, Niger et Burkina Faso - a rappelé ses ambassadeurs d'Alger pour consultations, accusant l'Algérie d'avoir entravé une opération militaire contre des groupes terroristes.
Le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, a déclaré que "cette action prouve l'implication du régime algérien dans le soutien au terrorisme international". Dans une escalade supplémentaire, le Mali s'est retiré du Comité d'État-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC), créé par l'Algérie en 2010.
Cette tension s'inscrit dans un contexte de mutations régionales profondes, depuis que les trois pays ont établi l'Alliance des États du Sahel en septembre 2023, cherchant à renforcer leur autonomie stratégique. Le Mali a investi dans la modernisation de ses capacités militaires, notamment par l'acquisition de drones sophistiqués pour lutter contre les menaces terroristes.
Dans son analyse de la situation, Rida Lyammouri, expert du Sahel au Policy Center for the New South, estime que cette escalade diplomatique ne devrait pas évoluer vers un conflit militaire direct, mais signale une transformation fondamentale des relations régionales.