Le Kenya Wildlife Service (KWS) a déjoué une tentative sophistiquée de trafic d'insectes le 5 avril 2025, mettant en lumière un nouveau type de contrebande d'espèces sauvages. Deux adolescents belges, Lornoy David et Seppe Lodewijckx, âgés respectivement de 18 et 19 ans, ont été appréhendés dans le comté de Nakuru alors qu'ils tentaient d'exporter illégalement 5000 fourmis reines.
"Cette opération était préméditée et bien exécutée", déclare un porte-parole du KWS, soulignant la minutie avec laquelle les suspects avaient préparé leur coup. Les fourmis, principalement de l'espèce Messor cephalotes, étaient soigneusement conditionnées dans plus de 2000 tubes à essai garnis de coton, assurant leur survie pendant plusieurs semaines.
Cette espèce particulière, prisée des collectionneurs pour sa taille impressionnante pouvant atteindre 25 millimètres, peut se monnayer jusqu'à 220 dollars l'unité sur les marchés européens et asiatiques. Selon les experts de la conservation, la valeur totale de la cargaison est estimée à environ 7000 dollars.
L'enquête a également conduit à l'arrestation de deux autres suspects, un ressortissant vietnamien et un citoyen kényan, suggérant l'existence d'un réseau organisé. Les quatre individus ont comparu devant le tribunal de Nairobi, où les jeunes Belges ont plaidé coupable.
"Ce type de trafic représente une nouvelle menace pour notre biodiversité", explique Dr. John Kimani, écologue au KWS. "Les fourmis jouent un rôle crucial dans nos écosystèmes, de l'aération des sols à la dispersion des graines. Leur prélèvement massif peut avoir des conséquences écologiques graves."
La législation kényane, particulièrement sévère en matière de protection de la faune, prévoit des peines pouvant aller jusqu'à la prison à vie et des amendes atteignant 230 000 dollars. Le verdict sera rendu le 23 avril prochain, les accusés restant en détention dans l'attente des rapports préalables à leur condamnation.
Cette affaire met en lumière l'évolution du trafic d'espèces sauvages, traditionnellement focalisé sur les grands mammifères emblématiques comme les éléphants ou les rhinocéros, vers des espèces plus discrètes mais tout aussi essentielles à l'équilibre écologique. Pour le ministre kényan de l'Environnement, "cette arrestation envoie un message clair : le Kenya ne tolérera aucune forme de biopiraterie, quelle que soit l'espèce concernée."