Les momies du Sahara vert révèlent une lignée humaine inconnue vieille de 7000 ans

Rédigé le 15/04/2025
LeMag .africa

Dans les profondeurs du désert libyen, l'abri rocheux de Takarkori a livré un secret extraordinaire qui bouleverse notre compréhension de l'histoire humaine. Des chercheurs ont réussi à extraire et analyser l'ADN complet de deux momies féminines vieilles de 7000 ans, révélant l'existence d'une lignée génétique nord-africaine jusqu'alors inconnue.



"Cette découverte représente une avancée majeure dans notre compréhension de la diversité génétique humaine en Afrique", explique le Dr Sarah Johnson, directrice de recherche à l'Institut Max Planck. Les analyses montrent que ces femmes appartenaient à une population qui s'est séparée des lignées subsahariennes à une période très ancienne, comparable à celle de la dispersion des humains modernes hors d'Afrique. Les analyses génétiques ont également révélé une proximité remarquable avec les chasseurs-cueilleurs de la grotte de Taforalt au Maroc, dont les vestiges remontent à environ 15 000 ans, suggérant des liens ancestraux profonds entre ces populations nord-africaines.

Ce qui rend cette découverte particulièrement fascinante, c'est le contexte environnemental dans lequel vivaient ces populations. À l'époque, le Sahara n'était pas le désert aride que nous connaissons aujourd'hui. Comme l'indique le Pr Robert Thompson de l'Université d'Oxford, "le Sahara était une savane luxuriante parsemée de lacs et de zones humides, offrant un habitat idéal pour les communautés humaines et la faune".



Les momies de Takarkori présentent également une particularité génétique intrigante : leur ADN contient des traces de gènes néandertaliens, dix fois moins importantes que chez les populations non africaines actuelles, mais significativement plus élevées que chez les populations subsahariennes contemporaines. Cette caractéristique suggère des interactions limitées mais existantes avec des populations extérieures à l'Afrique.

L'étude de leur mode de vie, documentée dans Nature, révèle une société pastorale sophistiquée. Ces femmes appartenaient à une communauté qui élevait moutons et chèvres, fabriquait de la poterie et développait des outils complexes. "Contrairement à ce que l'on pourrait penser, leur isolement génétique n'a pas empêché leur développement technologique et culturel", souligne le Dr Maria Garcia de l'Université de Cambridge.

Cette découverte remet également en question nos théories sur la propagation du pastoralisme en Afrique. Les données suggèrent que les pratiques agricoles et d'élevage se sont répandues par échange d'idées plutôt que par migration massive de populations, comme l'explique le Pr James Wilson dans Science.

Alors que le changement climatique modifie actuellement nos écosystèmes, l'histoire de ces populations du Sahara vert nous rappelle la capacité d'adaptation remarquable de l'humanité face aux transformations environnementales. Leur héritage, préservé pendant des millénaires dans l'abri rocheux de Takarkori, continue d'enrichir notre compréhension du passé humain et de sa diversité.